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PSYCHOPATHOLOGIE
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Dans la prolongation de mes deux livres, j'ai poursuivi l'étude des évolutions sociétales et ses effets sur la psychopathologie ; si tant est que l'on puisse parler d'évolution. Suscités par l'évaporation du père et la condamnation des valeurs patriarcales (exit le Nom-du-Père) ces changements sont multi focaux :
- Modification de notre rapport à l'espace-temps. Le second s'étant accéléré, le champ spatial s'est vu rétréci. L'hyperactivité - sans exclure les motivations individuelles qu'il peut recouvrir - témoigne du caractère anxiogène de ces dimensions que l'enfant tente de meubler par ses mouvements incessants. La peur de mourir d'ennui qu'il évoque parfois témoigne de cette difficulté à gérer ces dimensions. On remarquera d'ailleurs que son agitation anxieuse augmente dans les grandes pièces ! Ces dimensions impliquent aussi l'implication du désir et des simples envies dans cet espace-temps renouvelé. C'est par exemple le rapport à la frustration qui est actuellement plus difficile à gérer. Des individus n'ayant pas intériorisé la possibilité d'une contrariété, ni le temps de l'attente, du silence et du vide sont capables des passages à l'acte les plus fous, sans être psychotiques pour autant ;
- Des enfants surprotégés ou isolés en difficulté avec leurs pairs, développement des phobies scolaires, qui comme je l'avais repris à Bowlby dans La théorie psychanalytique et l'enfant, sont des pseudo phobies distinctes des phobies freudiennes basées sur la peur d'un animal métaphorisant le père. On est ainsi passé du père aux pairs, l'angoisse survenant lorsque l'enfant perd le parapluie de la protection maternelle en allant à l'école. J'ai développé cette problématique dans Le complexe d'Œdipe est-il en état de mort cérébrale ? (Coq-Héron n°245, 2021) ;
- L'individualisation des comportements et la perte du sentiment de la collectivité, ou chacun réclame ses droits (caractéristique sans doute plus européenne, voire française). L'individu tyran est l'enfant roi décrit dans La pédofolie, qui a depuis grandi ;
- Le choix des croyances, mais aussi de l'objet sexuel (homo ou hétéro), et maintenant de son propre sexe (interventions hormonales et chirurgicale). Même sans intervention médicale, c'est sa propre assignation sexuelle qui est en question, puisque le législateur qui suit le mouvement sociétal soutient les jeunes élèves qui désirent se faire appeler par un prénom de l'autre sexe. Si bien que la crise de la puberté amène chaque jeune à s'interroger sur quelque chose qui auparavant n'étant ni discutable ni négociable, puisque l'anatomie était le destin. Les contestations adolescentes vont porter sur des affirmations narcissiques identitaires ou pseudo identitaires, amenant à opérer des "transitions", encouragées par les réseaux sociaux ;
- In fine, ces mutations sociétales ont amené une refonte des classifications psychiatriques, qui d'une part abandonnent les référence psychanalytiques, et d'autre part prennent en compte ces modifications des conduites (TDAH, TOP, phobies scolaires). J'ai publié une proposition de nouvelle classification pédopsychiatrique, inspirée par la psychanalyse et la phénoménologie, prenant en compte le fait que les névroses "freudiennes" se raréfiaient au profit de constitutions psychiques moins structurées : Les jeunes in-patients. Nouveaux profils cliniques, nouvelle nosographie, les névroses actuelles de l'enfant (L'information psychiatrique, n°7, 2018), et Psychopathologie infanto-juvénile en mutation : du cristal des implosés à la fumée des explosés (Coq-Héron, n°239, 2019)
, mais aussi ces mutations dans le champ de la sexuation (dysphorie de genre, toutes les problématiques sur la non binarité).
P. Alex RAFFY
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